Critique de «La cale ronde», par Fañch Rebours

Plus de trente années séparent mon enfance de celle de Charles Madézo. Ma mer se situe au nord, son océan au sud. Mon port d’attache est petit et discret, il se nomme Bréhec. Le sien est grand et réputé, c’est Douarnenez. Nous ne vivons pas exactement la même Bretagne. Pourtant, la lecture de La cale ronde, réédité par Stéphane Batigne, a ravivé en moi une multitude de souvenirs – concrets, sensitifs, fantasmatiques – qui attestent d’un universel des jeunesses côtières.

La campagne de pêche imaginaire, à bord d’une plate surchargée. Le défi du bain glacé. Les plongeons interdits, côté digue. L’attente du retour des hommes et l’envie d’en être. Les liserés sang, sur la peau brillante des maquereaux. Les paliers de l’initiation adolescente. Le sein nacré échappé du maillot de la première inconnue. Le goût salé des suivantes…

Tous les enfants de la mer, d’hier et d’aujourd’hui, devraient lire un jour ce petit livre d’une réjouissante poésie.

Fañch Rebours

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