Critique de «Grand A, petit m», par Marie-Josée Desvignes

Par Marie-Josée Desvignes, dans la revue Texture

Recueil de 13 nouvelles dont le fil conducteur est la passion pour un être ou pour la vie, « Grand A, petit m »  compose, sans jamais tomber dans le doucereux, un début d’alphabet dédié à la sensualité, celles des rencontres insolites que toujours l’amour visite avec l’aiguillon du désir, depuis ses mauvais tours, ses extravagances, ses gourmandises et au cœur même des tourmentes de la vie.
Ainsi de la femme dangereuse que rencontre le patron du Piccolino dans Fatale à la vieille dame qu’on veut mettre en maison de retraite dans Grande braderie, ou depuis cet amour qui naît au milieu du chaos dans l’île dévastée par le séisme en Haïti, dans chaque nouvelle, la passion arpente les chemins de la poésie que Marilyse Leroux en poète passionnée aime fréquenter aussi.
De la candeur angélique d’une jeune fille à la perfidie d’une femme fatale, du pauvre bougre victime de cette dernière au malotru de Cas de conscience, ou au « vampire » masculin de Le troisième jour, les êtres qui traversent ce recueil composent toute une humanité dans l’énigme de l’amour que chacun cherche partout, une énigme comparable métaphoriquement à cette tache au cou d’une inconnue « mystérieuse »comme le titre de la dernière nouvelle.
L’art de la nouvelle est dans sa concision, l’écriture de Marilyse Leroux, légère et fluide dans ses poèmes se fait dense et resserrée dans ses nouvelles, exige une grande attention au détail. Petits bijoux à l’éclat bleu comme la bague tombée dans l’herbe de la fiancée qui a cru son amoureux perdu au champ de bataille (Bleu horizon), intenses comme le parfum de l’inconnue de la première nouvelle : À fondre.
Faites-vous plaisir, dégustez sans modération ces pièces délicates.

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