Médecine et chirurgie populaires en Bretagne au XIXe siècle

Gustave de Closmadeuc

Au XIXe siècle, les campagnes bretonnes ont encore très peu accès aux soins dispensés par les médecins diplômés et officiers de santé, seuls autorisés par la loi de 1803 à exercer la médecine.

On se soigne donc comme on peut, avec l’aide de guérisseurs empiriques de toutes sortes, du « releveur de luettes » à la « jugeuse d’eau », du charlatan qui fait cuire les chairs de son patient au rebouteux qui force le coude dans le sens opposé à l’articulation. Cette Cour des miracles peut faire frémir aujourd’hui, mais elle constitue alors le quotidien de nos ancêtres.

Le Dr Gustave de Closmadeuc (1828-1918), ­chirurgien en chef de l’hôpital de Vannes et adversaire acharné des guérisseurs illégaux, signe ici un texte percutant, très évocateur, qui témoigne de la situation médicale qui prévaut en Bretagne en 1861.

Texte présenté et annoté par Stéphane Batigne

Parution le 14 mars 2019
  • Stéphane Batigne éditeur, 2019
  • 82 pages
  • 10 x 15 cm
  • ISBN : 979-10-90887-70-1

Extrait

Celui-ci a reçu un coup dans la région du cœur : simple contusion, sans conséquence. Le rebouteur affirme que «le brochet du cœur est dépendu». Celui-là a une contusion de l’épaule ; c’est une «étoirse du palleron de l’épaule». Un autre est atteint de torticolis ; c’est «le trépied du cou qui est dérangé». Celui-là a une douleur dans le côté ; c’est «une côte ployée». D’autres encore viennent avec des «estomacs cassés», des «nombrils démis», des «rates décrochées», des «foies tordus», des «poumons fourchés», des «rognons retournés». Le rebouteur reconnaît et distingue toutes ces horribles lésions ; c’est à faire dresser les cheveux. Il a un nom significatif pour chaque blessure, et pour chacune d’elles, il a un procédé particulier de rebouter, dont le secret échappe au vulgaire ; au point que celui-ci, s’il n’avait la foi, serait tenté de considérer l’opération comme étant toujours la même.

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