Critique de «Grand A, petit m», par Alain Kewes

Grand A, petit m, de Marilyse Leroux

Treize nouvelles dont les premières lettres des titres suivent l’ordre alphabétique annoncé par le titre du recueil laissent augurer un ensemble composé, comme un bouquet, autour d’une thématique qu’on devine d’ailleurs aisément. Pourtant, s’il est effectivement question du grand A et des mille manières de l’éprouver au quotidien minuscule, la palette de Marilyse Leroux a plus d’une couleur sous le pinceau et son art malicieux de la dissimulation poussée jusqu’à la dernière ligne vous prendra plus d’une fois à revers. Car la passion amoureuse, parfois dévorante, ne se porte pas qu’aux êtres de chair, loin s’en faut. En dire plus gâcherait le plaisir de la découverte. Pris dans un réseau de trompe-l’œil et d’écrans, vous irez de livres en tableaux, frissonnerez sous les plaisirs de la musique, de la peinture et même de la gastronomie. Vous voyagerez d’Haïti en Bretagne, vous aurez 8 ans ou 80. N’ayez crainte : les ailes du désir trouveront bien à votre insu le chemin du retour au grand A. C’est habile, souvent drôle, toujours émouvant.

Alain Kewes, À l’œil nu, dans la revue Décharge n° 169.

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