Critique de «La vie dans les failles», par Ève Lerner

La vie dans les failles, d’Anthony Ryo

C’est une histoire de lignes, câbles, rivières, sillons, ligne des vagues, lignes de mire et de gratte-ciel, lignes de crêtes et d’horizon, ligne de partage des eaux, labyrinthe d’écorce et veines de feuilles, lignes de vie, lignes de failles, bien loin de la ligne générale.

Parfois on rencontre une pépite et l’on défaille, devant une racine de mai, le moment où la mémoire retrouve le premier chaos, le fracas consolateur des houles. Les cordes de l’univers-filament, leurs trajectoires, comme nos voyages, se dédoublent, se croisent, se carambolent.

Ici, le pays se cache ou se révèle, selon que l’œil s’ouvre ou cligne quand la stupeur nous saisit, que les vies antérieures reviennent se loger entre l’œil et le paysage, pourvu que l’on ne veuille rien.

Le long des nerfs où l’on pense, faire entendre les voix, les chants, les origines, les oiseaux, les algues, les grumes, la mer et les nuages, devenir, comme malgré soi, l’hôte de chaque vie, le capteur des signes c’est le lot, la voie, le privilège et la plaie d’être un poète, un vrai.

Ève Lerner

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