Jerzual

Franck Dorso

Dinan, derniers jours du printemps 1767.

Dans la vieille rue du Jerzual, qui descend au port, un arbre extraordinaire, une maison intrigante, un souterrain inconnu, une femme mystérieuse, des rumeurs d’émeute populaire…

Il n’en faut pas plus pour bouleverser Jean Dun, jeune homme de bonne famille destiné à devenir notaire. En quelques jours, toutes ses certitudes vacillent et son avenir, qui semblait tout tracé, prend des chemins inattendus…

PARUTION: JUIN 2024

  • Stéphane Batigne éditeur, 2024
  • 260 pages
  • 14,8 x 21 cm
  • ISBN : 9782493599070

Extrait

J’aperçus la maison lorsqu’un cri jaillit devant moi.
Il me fallut un temps pour accommoder mon regard à l’environnement de la rue. Un second cri retentit et je vis deux formes hautes qui montaient vers moi. L’un des hommes fit un signe dans ma direction, et je reconnus les costauds du port. Ces trognes avaient donc quelque chose qui leur faisait office de mémoire.
Leur geste indiquait assez leur intention pour que la seule issue raisonnable prenne une fois encore la figure de la fuite. Mais le tapage avait attiré l’attention et, à cet instant, la porte de la maison s’ouvrit. La femme du Jerzual apparut sur le seuil. Les regards circulèrent entre les trois points de ce triangle que nous formions, elle, les deux hommes et moi. Puis ils bondirent dans ma direction. Avec une rage impuissante et qui me tira à moi aussi un cri, je fis demi-tour et commençai de courir en prenant à dextre, juste avant la poterne fortifiée, puis je longeai le rempart sur la pente latérale qui conduit à la porte Saint-Malo. J’avais l’intention de prendre suffisamment d’avance pour tourner dans la rue et me réfugier chez l’apothicaire sans être vu – peut-être aurait-elle l’intuition de s’y rendre, elle aussi. Mais en me retournant dix mètres avant la porte, je constatai qu’ils ne perdaient pas de terrain, et gagnaient même sur moi.

* * *

— Dieu m’est témoin que je ne veux pas votre mal.
— Mais vous allez le faire quand même, surtout si nous restons ici à parler sans fin. Allons voir ces souterrains, puis je vous dirai au revoir. Pour le reste, je jugerai par moi-même de ce qu’il est possible ou non de faire, et nul ne peut dire ce qu’il adviendra.
Sur cet ordre je ramassai la lanterne posée au sol et nous nous dirigeâmes vers la première cave, sur le côté droit. La porte s’ouvrit sans difficulté et Françoise me suivit à l’intérieur, avant de la repousser derrière nous.
J’avançai dans la pièce et sentis que quelque chose avait changé. La cave était plus encombrée que la dernière fois. Il y avait toujours les grandes caisses à droite, et les casiers de rangement de matériel de peinture à gauche. Mais on avait disposé au delà du matériel de construction : moellons de pierre, outils, de quoi faire du mortier. Ce dépôt masquait le petit bureau. En progressant je découvris que le bureau n’était plus là. Ni le tapis. Restait la trappe, qui avait été manipulée.
– Françoise, il s’est passé quelque chose ici.

Avis

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