Sonnerie de bassin, un intrigant rituel du solstice

Roland Becker Laure Le Gurun

Dans le monde entier, le solstice d’été est célébré pour marquer le passage entre la période sombre et la période claire. En Bretagne, les traditionnels « feux de la Saint-Jean » s’accompagnent d’un intrigant rituel : la sonnerie de bassin.

À la tombée de la nuit, des mains humides frottent des joncs apposés sur un bassin de cuivre, faisant surgir des sons étranges, envoûtants. De feu en feu, de village en village, ces vrombissements se rejoignent, se mêlent et se répondent, composant une fascinante expression collective. Comme d’autres pratiques populaires, le chant des bassins s’est parfois perdu dans le vacarme de la modernité. Mais certains lieux, en particulier dans le pays gallo, notamment autour de Redon et de Questembert, perpétuent cette tradition.

Spécialistes de l’histoire culturelle de la Bretagne, Roland Becker et Laure Le Gurun nous présentent ici une enquête aussi fouillée que passionnante sur un rituel d’une profonde richesse symbolique.

Écoutez la sonnerie de bassin

Parution: 1er avril 2023

  • Stéphane Batigne éditeur, 2023
  • 156 pages
  • 13 x 20 cm
  • ISBN : 9791090887633

Extrait

Les voix et les rires s’éteignent quand un bourdon plus rauque s’élève d’un, puis de deux, puis de trois bassins, épaississant l’air autour de nous. Le son se joint à la nuit qui nous engloutit doucement. Le timbre très profond s’éraille dans des boucles d’aigus surnaturels, au-dessus de ce petit monde assemblé autour des bassins dorés, le visage soudain grave. Les sonneurs font corps avec les vagues sonores de leur instrument, la main parfois suspendue, le temps de laisser la vibration s’exprimer, les doigts fermes mais jamais crispés. L’image même du lâcher-prise, le tout dans des positions fort peu confortables. Un vieil homme arbore un sourire éclatant en rajustant sa casquette. On y est. L’eau vibrionne dans les bassins. Leur résonance se prolonge dans la nuit, bientôt relayée par les flammes du feu de la Saint-Jean, un peu plus loin. Le temps se suspend alors vraiment, quand le craquement du bûcher s’unit au comble du vrombissement, puis aux plaintes affaiblies des bassins, qui finissent par se taire.

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